Balade

Eléa le regarda et hocha la tête.

-Je m'en doute. Et ce n'est pas mon rôle de vous faire la morale... Loin de là. Mais soyez juste prudent.

Thomas se sentait un peu infantilisé.

"Je gère. J'ai toujours géré ma vie jusqu'à présent."

Et il avait failli la perdre un grand nombre de fois. Avoir choisi un travail clandestin n'était pas sans risque. 

Eléa lui sourit simplement.

-Mais je le sais très bien. Vous avez mangés ?

Thomas ne mentit pas.

"Non.. Mais je voulais faire des courses pour me préparer à manger."

Eléa sourit encore.

-D'accord. Je suis rassurée. Certains blessés ne s'occupent pas d'eux même. 

Thomas n'avait pas une hygiène de vie irréprochable... Loin de là. 

"Je ne peux pas me permettre de ne pas prendre soin de mes blessures."

Eléa hocha la tête.

-Oui, c'est préférable. Bien je vais vous laisser. Si vous avez besoin de quoique se soit, n'hésitez pas à venir, même en pleine nuit.

Elle sourit.

Thomas hocha la tête.

"Je serais assez habile pour échapper à votre garde afin d'arriver jusqu'à vous si j'en ai besoin."

Eléa lui sourit et s'inclina poliment. Puis, elle partit dans une ruelle pour rentrer à l'orphelinat. 

En tant que vampire, Eléa avait retenue l'odeur de Thomas et savait où il habitait et si il allait bien. Ce ne fut donc sans étonnement pour elle, qu'elle alla chez lui avec le matériel nécessaire. Elle ne toqua pas à la porte, car elle savait que Thomas n'était pas en état de se lever. Agile, elle passa par une fenêtre entre ouverte et souffla en voyant Thomas.

-Vous alors... Restez tranquille.

Elle ferma la fenêtre pour ne pas qu'il attrape froid par dessus. Elle prépara tout et enleva le haut de Thomas, même s'il râlait un peu. Elle le soigna alors doucement et elle prépara ensuite une seringue avec un médicament. 

Elle lui avait promis une piqûre dans les fesses. Et bien Thomas l'eut alors. Elle baissa un peu son pyjama et le piqua dans la fesse droite. Puis, elle posa la seringue sur la table et couvrit Thomas.

-Dormez.

Elle s'installa sur une chaise à côté du lit et le surveilla.

Thomas avait senti qu'on entrait chez lui. Un voleur? Il attrapa une dague... il fallait qu'il ait toujours une arme près de lui. Il se redressa en tenant son flanc.. Lorsqu'il aperçut Eléa, il roula des yeux et se laissa retomber en grimaçant. 

"Vous croyez que je vais me laisser faire?"

Il n'avait pas oublié ce qu'elle lui avait dit et il plissa les yeux en voyant la seringue. Il était hors de question qu'elle le pique sur les fesses! Thomas ne se laissa pas faire mais il n'était pas e taille et il se retrouva sur le ventre, tandis qu'Eléa lui piquait la fesse droite. Thomas avait un fessier bien rond. 

Thomas n'arrêta pas gromeler.

"Vous allez rester là, en plus? "

Eléa l'avait regardé avec un air amusé et avait répondu :

"Vous pensez pouvoir faire le poids ?"

Eléa souffla en entendant Thomas grommeler sans s'arrêter. 

"Je vous avais prévenu. Soyez heureux que je sente vôtre odeur de loin et que je capte des informations sur vôtre état de santé. Et oui, je vais rester là jusqu'à ce que vous soyez guéri. Et vous pouvez bien râler, je ne partirais pas."

Elle montra un sac qui contenait des affaires à elle, qu'elle avait posé sur la table avec le nécessaire de soin.

"Sérieusement... Pourquoi n'êtes vous pas venu me voir quand vous avez vu que cela s'aggravait ?"

Thomas grogna encore plus quand il vit le petit air amusé se peindre sur le visage d'Eléa. Elle se fichait de lui en plus ? bien sûr qu'il ne faisait pas le poids! Elle était une saleté de vampire! Et lui un simple humain, une poupée de chiffon pour elle.... Et surtout dans son état. 

"Dois-je m'inquiéter que vous flairiez mon odeur d'aussi loin ? On croirait un radar....

C'était plutôt innatendu et perturbant pour Thomas qui se sentirait,  à l'avenir, toujours observé et surveillé. 

-Par fierté, j'imagine."

Eléa le regarda alors.

-Oh, ne vous inquiétez pas. je ne vous trace que si vous êtes blessés. Donc menez vôtre vie sans vous soucier de mon odorat.

Elle souffla.

-Par fierté... J'ai vu mourir les plus fort combattant par fierté...

Thomas était dubitatif sur la déclaration qu'elle venait de lui faire. Oh génial ! Elle n'allait le pister que s'il se blessait ! Formidable ! 

"J'ai tendance à souvent être blessé.... "

Elle allait débarquer devant lui à chaque fois? 

"Il y a des centaines d'humains. Comment pouvez-vous sentir mon odeur, particulièrement, parmi les autres? "

Cela devait être insupportable de démêler chaque odeur... Enfin, il le supposait ! 

Et puis, la dernière phrase qu'elle venait de prononcer... En ce moment, chaque combat le mettait dans un état plus pitoyable que le précédent.... Allait-il au devant de la mort? 

Eléa le regarda et dit alors.

"Vous n'avez qu'à faire attention à vous. Rien n'est acquis en combat, il y a toujours plus fort que soi."

A la question de Thomas, la vampire répondit.

"Eh bien, chaque humain à son odeur propre. Certaines odeurs sont repoussantes pendant que d'autres sont enivrantes. Il n'y a pas deux odeur pareil, c'est impossible même dans un cercle familial. L'odeur est unique et nous donne des précisions, à nous vampires."

Plus fort que soi... Tous les vampires étaient plus forts que lui... Et cela ne lui avait pas empêché d'en tuer plusieurs... Mais il y laissait une partie de son âme, il ressortait toujours amoché de ces combats. Faire attention à lui... Mais bien sûr ! Il n'allait pas dire à un adversaire : Attention, évitez de me frapper là ou de trop m'endommager. 

Il écouta Eléa lui parler des odeurs... Chacun avait donc une odeur bien distincte.

"Une odeur peut-elle être insupportable pour un vampire et en attiré un autre?

Il se rendit compte de la stupidité de sa question lorsqu'il la posa. 

-Non, ne dites rien... C'est bien idiot! C'est comme du parfum, n'est-ce pas? Mais visiblement en beaucoup plus fort pour vous. Comment est mon odeur?"

Il était quand même un peu curieux de le savoir. 

Eléa le regarda et sourit gentiment.

"En effet, c'est comme un parfum et beaucoup plus fort pour nous. C'est exact. Vôtre odeur est forte et enivrante, elle sent l'odeur des agrumes."

Thomas était fasciné d'apprendre cela... et même temps, il était un peu repoussé. 

"Des agrumes?"

Il haussa un sourcil, dubitatif. Il venait de balayer d'un revers de manche les adjectifs que son odeur était "enivrante". Plutôt ne pas s'imaginer comme un délicieux repas pour Eléa. D'ailleurs, qu'entendait-elle cette saleté de vampire par ce mot ? Il avait un sang séduisant? Cela faisait-il de lui un être séduisant ? Enivrant pour la vampire? Il grimaça. Autant chasser ces idées de sa tête. Il regarda le plafond. 

Eléa détonnait dans cette pièce miteuse. Tout était si fade ici. Et lui, il n'était même pas en état de se lever avec cette foutue blessure infectée. Eléa était élégante, comme toujours... Elle avait un port altier.. En même temps, elle avait du sang royal en elle. Elle avait dû avoir une éducation qui allait avec son sang. Thomas soupira. Le chasseur de vampire qui se soigner par une vampire de sang royal.... Toujours plus comique! 

Eléa hocha la tête.

"Plus précisément, vous sentez l'orange. Je dirais même l'orange sanguine. Heureusement que peu de vampires aiment cette odeur."

Elle ne dit rien de plus, se remettant à lire alors. Il devait se reposer et visiblement il ne posait plus de question. Elle le laissa donc tranquille.

L'orange sanguine ? Pourquoi une orange avec une qualitfication de "sang" dedans? C'était une mauvaise blague? 

La dernière phrase d'Eléa le fit tiquer. Peu de vampire aimait cette odeur mais elle n'en faisait pas partie d'après ce qu'elle avait dit avant. Thomas secoua sa tête. Qu'en avait-il à faire que son odeur de sang soit apprécié d'Eléa? Rien du tout.

"N'hésitez pas à vous faire un thé."

Et il ferma les yeux, dans l'espoir de dormir un peu. 

Eléa le regarda alors un petit moment.

"D'accord. Dormez maintenant."

Elle ne fit aucun bruit. Elle lut un long moment avant que Thomas ne se réveille après des heures de sommeil. Elle n'avait pas bougé, mais seul le livre avait changé.

Thomas réussit à finalement trouver le sommeil. Il dormait plutôt paisiblement. Il ne ronflait pas. Sa respiration était régulière. 

Thomas finit par émerger de son sommeil .Il avait pensé qu'Eléa serait partie. Non, elle était toujours là, mais avec un autre livre à la main. Combien de temps avait-il dormi ? 

"Quelle heure est-il ?"

Eléa posa le livre et regarda Thomas.

"Il est 21 heures. Comment vous sentez vous ?"

Thomas soupira.Il avait dormi aussi longtemps ?!

"Mieux."

Il s'assit en grimaçant.

"Puis-je voir la plaie? "

Est-ce qu'une blessure changeait son odeur? 

Eléa le regarda et hocha la tête.

"J'ai changé vôtre pansement quand vous dormiez. Mais vous pouvez regarder, il faut le rechanger pour ne pas que ça s'infecte."

Elle avait fait quoi ? ! Thomas ne s'était même pas réveillé. 

"Comment... avez-vous fait ? J'aurais dû le sentir et me réveiller."

Il était soupçonneux. 

Eléa le regarda et fut sérieuse.

"Vous auriez dû le sentir en effet. Ce qui prouve que vous étiez tellement mal que j'aurais pût vous tuer sans que vous vous défendiez ! Franchement, ne vous mettez plus dans un état pareil."

Thomas soupira.

"Ne me grondez pas. Que je meure aujourd'hui ou dans 50 ans, cela ne changera rien pour vous. J'aurais juste gâcher ma vie et je l'aurais perdue mais j'en aurais eu la conscience. "

Après tout, une fois mort, Thomas serait bien vite un vieux souvenirs - si elle en gardait- de la mémoire d'Eléa. D'ailleurs comment fonctionnait exactement la mémoire des suceurs de sang? 

Eléa souffla et se massa les tempes.

"Pensez vous que nous ne pleurons pas nos morts ?"

Elle posa le livre et dit ensuite.

"Je vais préparer à manger."

Elle alla dans la cuisine en soufflant.

Thomas haussa un sourcil. Les vampires pouvaient pleurer les morts et en être affectés. Mais le temps pensaient les disparitions. Et puis, le temps ne s'écoulant pas de la même façon, un humain lambda n'avait pas tellement d'impact sur la vie d'un vampire. 

Elle soufflait beaucoup. Il l'avait énervé? Avait-il dit quelque chose mal ?

Eléa faisait la cuisine et une bonne odeur commença à flotter dans l'air. Elle resta silencieuse, quand elle lui apporta le plat sur un plateau, qu'elle posa sur le lit à côté de lui. Elle prit le livre et se rassit alors, le laissant tranquille.

L'odeur attira l'appétit immédiat de Thomas. Il regarda le plateau. Cela avait l'air délicieux.

Il prit le plateau qu'il posa sur ses genoux. 

"C'est très bon. Et vous? Vous ne mangez pas?"

Eléa le regarda alors, levant son nez du livre.

"Non, je ne mange pas."

Thomas haussa un sourcil, tout en continuant son repas.

"Vous n'avez pas faim ?"

C'était étrange de cuisiner pour ne pas manger. 

Eléa se remit à lire.

"En effet. Mais vous oui, alors mangez."

Thomas cessa de l'importunez et de contenta de manger. La vampire avait l'air froissé pour une raison qu'il ne comprenait pas. Quand il termina son repas, Thomas reposa le plateau. 

"Vous ai-je offensé?"

C'était lui le grognon des deux. 

Eléa se leva et débarrassa le plateau une fois que Thomas le posa. Puis, elle le regarda et répondit simplement.

"Pas du tout."

Bien sure qu'il l'avait offensé, elle n'était pas sans sentiments. Mais elle ne pouvait pas lui en tenir rigueur, leurs peuples étaient tellement différents.

"Reposez vous, vous n'êtes pas guéri."

Thomas la regarda et roula des yeux. 

"Vous mentez très mal. Vous l'a-t-on déjà dit?"

Elle ressemblait à une vieille dame grincheuse en cet instant.

Eléa l'ignora alors, faisant la vaisselle. Elle ne comptait pas lui répondre, il avait qu'à réfléchir. Elle finit et s'essuya les mains.

Thomas soupira et essaya de se lever. Il se mit debout avant de sentir une douleur dans l'abdomen et il s'écroula par terre de tout son poids en jurant. 

Eléa arriva vite et le releva doucement.

"êtes vous idiot ? Ne bougez pas !"

Elle le remit doucement dans le lit en soufflant.

Thomas ne broncha pas tandis qu'elle l'aida à se remettre dans son lit. Alors qu'elle allait repartir, sans doute finir la vaisselle, Thomas lui attrapa le bras.

"Pourquoi êtes-vous en colère?"

Eléa le regarda quand il lui attrapa le bras.

"Car vous me prenez pour un monstre sanguinaire sans aucune émotions."

Thomas avait tendance à penser cela des vampires en générale. Mais Eléa était une exception.

"Ce n'est pas ce que je pense."

Il lui avait donné cette impression là ? 

Eléa le regarda et souffla.

"Vous pensez qu'on ne souffre pas de nos morts ?"

Thomas écarquilla les yeux.

"Je.. bien sûr que si.."

Enfin sans doute.

"Mais, enfin, la douleur d'une disparition finit par s'estomper avec le temps.... Enfin, surtout pour vous, vu que vous vivez longtemps..."

Eléa secoua la tête.

"Non, car nos longues vies nous rappellent sans cesse le passé. Ne croyez pas qu'une vie éternelle est si bien que ça."

Thomas ne pensez pas cela. Une vie éternelle devait s'accompagner d'un ennuie profond. Peut-être que c'était pour cela que des vampires étaient si cruels et violents... parce qu'ils avaient l'éternité à tuer.

"Je ne le crois pas."